Pour le premier week-end de mai, on décide d’aller promener nos vélos en Drôme Provençale, en faisant un tour de 2 jours dans le parc naturel des Baronnies provençales. L’itinéraire qu’on prévoit est basé sur une boucle proposée par le département de la Drôme, La route de la lavande. On modifie légèrement l’itinéraire pour y accéder depuis une gare, et dès le samedi matin, on est dans le train pour rejoindre Bollène.
Les premiers kilomètres sont tranquilles, on traverse rapidement le Rhône canalisé (et donc clairement pas en Bande organisée) et on part vers l’est en prenant des routes qui serpentent entre les vignes. Les domaines des côtes du Rhône et leurs parcs sont impressionnants. Pendant qu’on passe, de nombreux viticulteurs s’activent entre les rangs, même si l’on a du mal à déterminer leur action exacte. Assez rapidement, la route se met à monter et descendre au fil des petits villages perchés. On prend plaisir à passer à de nombreuses reprises dans des chemins de graviers, dont les secousses finissent de nous réveiller.
Après une bonne quarantaine de kilomètres, on traverse Vaison-La-Romaine et ses touristes et on s’installe au bord de l’Ouvèze pour cuisiner notre meilleur plat de randonnée : riz au thon et à la sauce tomate, mélangé avec des cacahuètes pour ajouter un peu de croquant… tout cela dans des proportions généreuses bien entendu ! On se mouille les pieds dans l’eau fraîche et on continue notre route le long de l’Ouvèze, dans un fond de vallée verdoyant, où l’on croise plus de campings que de voitures…
Juste avant d’atteindre Buis-Les-Baronnies, on oblique vers la droite pour rejoindre la trace prévue, que l’on attaque directement par l’ascension du col de Fontaube, qui nous salue en nous proposant une franche crevaison dès son pied. Tout au long de la route, le Ventoux nous domine, surplombé par un petit nuage isolé. On croise beaucoup de cyclistes dans la montée et on redescend jusqu’à Montbrun, dont les hautes façades nous impressionnent ! On remonte ensuite via le col de l’Homme Mort, qui tient son nom d’une histoire macabre, que vous pouvez lire ici. Comme on ne connait pas encore l’histoire, la montée se passe bien et on retrouve les champs de lavande tout proches de ceux qu’on avait longés après notre descente du Ventoux deux semaines auparavant.
A la redescente, le monument aux morts de Séderon nous offre quelques marches pour cuisiner un petit dîner à base de pâtes et de fruits secs que l’on engloutit rapidement avant de continuer la route en quête d’un lieu de bivouac, que l’on trouve aisément dans le début de la montée vers le col de Saint-Jean. On plante la tente dans une parcelle au bord de la route, juste derrière une haie, avec 125 km de route derrière nous.
Le lendemain matin, on enchaîne directement sur la suite des pentes du col de Saint-Jean. On fait une halte rapide dans un village où on décide qu’en l’absence d’informations, l’eau de la fontaine est potable. On décide également de ne pas remarquer la pancarte qui stipule qu’il est interdit d’utiliser le lavoir pour laver ses affaires car la vaisselle n’attend pas… On passe à hauteur d’un mémorial flambant neuf qui rend hommage aux maquisards. La route serpente de manière improbable dans les pentes des vallées tranquilles, et joue à cache-cache derrière les rochers à chaque lacets. Les traces de drifts et autres dérapages sur la route confirment que nous ne sommes pas les seuls à en apprécier son tracé. Dès le sommet, on admire la vue qui porte loin, vers ce qu’on pense être le massif des Ecrins, et on redescend dans la vallée suivante pour entamer une nouvelle ascension, celle du Col de Perty, également fort sympathique.
On entame alors la phase plus descendante de notre route, même s’il reste quelques montées au programme, en suivant de nouveau l’Ouvèze, mais bien plus en amont que la veille. On traverse de grands vergers d’oliviers et on fait honneur à la cuisine locale en achetant une délicieuse tapenade dans l’épicerie d’un village qu’on traverse. L’épicière nous explique longuement qu’elle “tape les clients qui se servent eux-mêmes dans le sac à pain”. Heureusement pour nous, nous avons réussi à rester disciplinés.
Avant d’arriver à Buis-Les-Baronnies, on oblique vers le nord pour retourner vers la vallée de la Drôme. On passe par impressionnant défilé de Trente Pas, où la route monte tout doucement au fond d’une étroite vallée. Comme souvent, quand la route et la météo sont belles, les motards sont présents en nombre, avec les désagréments sonores associés. En haut, on discute avec deux couples de cyclistes qui ont aussi fait un tour sur deux jours, et on fait la course sur les 15 km suivants. Malgré la descente, le mistral nous oblige à bien appuyer sur les pédales pour pouvoir avancer. Après le passage d’un dernier col, on arrive enfin à Crest, et on finit notre parcours en longeant tranquillement la vallée de la Drôme, bien fatigués des 150 km roulés ce jour.